L’émotion en filigrane
Une soixantaine d’actrices et d’acteurs de différents secteurs économiques étaient réunies mercredi 9 novembre 2022, à la BCF Arena, à Fribourg. Leur point commun: être tous issus d’une société familiale. Ils ont pu échanger sur leurs préoccupations lors de cette Journée des Entreprises Familiales (JEF), proposée par la CCIF.
«Quel est le mythe fondateur de l’entreprise?» Une question essentielle, selon Claude Gremion. Président de la CCIF, il s’exprimait durant cette JEF en son rôle d’avocat-conseil et spécialiste de la stratégie d’entreprise. Intervenant de la première heure, il a partagé ses suggestions sur la gouvernance, notamment lors de la transmission de l’entreprise à la génération suivante.
«Dans les entreprises familiales, la stratégie reste souvent dans la tête du patron. Un conseil: formalisez-la. Une vision permet de se projeter et votre personnel a besoin de savoir où vous voulez aller.» Claude Gremion ne s’est pas contenté d’énumérer les bonnes pratiques, il a également proposé des outils pour les concrétiser. Des tableaux bien connus des spécialistes en marketing et en gestion de projet, mais que les autres regardent parfois en fronçant les sourcils.
Des mots clés ont aussi été articulés, comme anticiper, organiser, ouvrir ou encore consulter. Et Claude Gremion n’a pas été le seul durant cette JEF à suggérer qu’un regard extérieur pouvait amener des idées, un souffle nouveau et un avis neutre sur des questions prenant inévitablement des dimensions émotionnelles au sein d’une entreprise familiale.
Cette dimension a même été au cœur d’un autre des six ateliers proposés par la CCIF: «Passer le relais? Bien plus qu’un tableau Excel». Mené par Carole Wittmann, directrice de la Clinique du travail, cet atelier visait à sensibiliser les participant·e·s à la part émotionnelle qui se cache dans la passation d’une entreprise familiale.
«Parfois, les solutions semblent intellectuellement intégrées, a souligné Carole Wittmann, alors que le cœur, lui, est en miettes.» Et d’appeler à verbaliser les émotions, à échanger sur les sentiments et à demander l’aide d’une tierce personne avant que la situation ne se dégrade.
Savoir que protéger
Plus pragmatique et technique, la discussion de la pièce d’à côté portait sur les finances et la fiscalité. Trois experts du domaine, issus de trois entreprises spécialisées, ont décortiqué les options possibles et leurs conséquences lors de la transmission d’une société. L’attention était à son comble, même dans une salle bondée.
La matinée a encore donné lieu à des réflexions sur la prévoyance ainsi que sur la communication et l’image de l’entreprise. Une conférence commune a ensuite permis à la soixantaine de participant·e·s de se familiariser avec les questions ayant trait à la cybersécurité.
«Qu’est-ce qui vous empêche de dormir le soir en cas de problème informatique?» a lancé Marie de Fréminville, présidente de Starboard Advisory et présidente du Cercle suisse des administratrices. «La réponse à cette question va vous guider pour savoir ce que vous devez protéger et mettre en place pour palier un système qui serait dégradé.»
Parmi les conseils distillés, le plus pragmatique concernait la sauvegarde des données en appliquant la règle du 3-2-1: trois sauvegardes, dans deux lieux différents, dont une sauvegarde déconnectée d’internet.
Avant de passer à l’apéritif et au lunch, une table ronde, modérée par Camille Tissot, rédactrice en chef Fribourg pour La Télé, a encore permis des échanges d’expérience. A la tête d’Atimo, de Charpentes Vial SA et de Novopac SA, trois duos – père et fille, époux et frère et sœur – ont témoigné de leur quotidien et des valeurs à partager pour relever les défis qui sont les leurs. En trois mots: dialogue, confiance et respect.