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Rétrospective de la Journée des Entreprises Familiales 2021

Faut-il ouvrir son conseil d’administration à des personnes extérieures à la famille? Quand est-il judicieux de créer une holding? Quelle est la vraie valeur d’une société en cas de transmission? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles 22 experts ont répondu le mercredi 10 novembre, à la BCF Arena, lors de la première Journée des entreprises familiales organisée par la CCIF qui a attiré 90 participants.

«Les échanges ont été riches et il est probable que cet événement aura une suite sous une forme ou une autre», se réjouit la cheffe de projet Claudia Ansermot. Prévus sur 50 minutes, la plupart des dix ateliers au programme ont quelque peu dépassé ce timing. «Cela prouve le vif intérêt des participants et le besoin d’une telle journée», en conclut Chantal Robin, directrice de la CCIF, qui a parfois dû «jouer la méchante» afin de mettre un terme à des discussions animées.

Ce qui ressort de ces ateliers, c’est d’abord qu’il faut savoir s’entourer de spécialistes, que ce soit des finances, de la fiscalité, de la gouvernance ou encore de l’immobilier. Un conseil qui vaut autant pour la création de l’entreprise, que pour sa gestion et sa transmission. «Par exemple, on pense parfois qu’un bon comptable coûte cher, mais à long terme il rapporte aussi», insiste Yvan Haymoz, responsable de la succursale BDO de Fribourg, qui relève «l’importance d’un bon business plan, du suivi des prix et de l’imputation des coûts pour ne pas naviguer à vue».

Autre recommandation: bien remettre sa société prend du temps – «entre 5 et 10 ans» – et il faut s’y préparer. «Or souvent cette question n’a jamais été abordée», s’inquiète Claude Gremion, avocat spécialisé dans la direction d’entreprise. «Pour trop de patrons, la stratégie de la société n’existe que dans leur tête, ce qui est très problématique en cas de succession mais aussi d’accident. Dans certaines PME, en outre, la salle du conseil d’administration est la table de la cuisine, ce qui n’est plus possible. L’une des règles de base est d’éviter toute confusion entre les intérêts de la famille et ceux de l’entreprise.»

Des conseils sur la façon de concilier vie professionnelle et privée ou d’intégrer la nouvelle génération (Nextgen) à la tête de l’entreprise familiale ont également été prodigués dans le cadre de certains ateliers. D’autres ont encore abordé des thèmes d’actualité comme le télétravail, la numérisation et le marketing. «La communication, digitale notamment, est devenue primordiale pour cibler au mieux sa clientèle et rester compétitif», ont répété plusieurs conférenciers.

Ce nouvel événement de la CCIF était parrainé par le conseiller d’Etat Olivier Curty, qui a rappelé qu’une enquête menée en 2018 auprès des entreprises familiales – «des partenaires précieux pour le Canton» – a démontré que 33% d’entre elles se disaient vulnérables face aux défis de la digitalisation. «Selon cette même étude, 47% des sociétés sondées ont aussi admis ne pas avoir du tout de plan de succession, a souligné le directeur de l’Economie. Face à ces enjeux, la CCIF joue donc son rôle de moteur en organisant une telle journée.»

A l’issue des ateliers, une table ronde animée par Camille Tissot, journaliste à La Télé, a réuni les représentants de quatre entreprises familiales: Alloboissons, Bulliard Immobilier, Icube et Ruffieux Fenêtres. L’occasion de découvrir des modes de gouvernance assez différents et d’entendre, par exemple, François Quartenoud s’exprimer sur la reprise d’Alloboissons, une société créée par son père Freddy: «Je ne suis pas vendeur de boissons à la base, mais ingénieur en télécommunication. J’ai donc pu mettre ma patte dans la création d’un entrepôt bien automatisé et souvent montré en modèle. Pour le reste, je me suis entouré de spécialistes au sein de la direction.» Quant au mot de la fin, il a été laissé à Daniel Bulliard, dont la société fête ses 70 ans: «Pour durer, le plus important est de toujours rester en mouvement!»